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Aujourd’hui, dimanche 23 avril, j’écris cette première newsletter.

Le 26 avril 2023 sera la journée internationale de la visibilité lesbienne. Et alors que mon fil Instagram se remplit de photos enjouées montrant les préparatifs des diverses manifestations, soirées et fêtes, je sens certaines émotions contradictoires me remplir. Une sensation d’exclusion qui gratte un peu, l’amertume de ne pas me sentir appartenir à cette communauté lesbienne. Au fond, vraiment, de l’envie. Car malgré mes accointances avec la culture politique féministe et lesbienne et le rôle prépondérant qu’elle a joué dans ma construction en tant que personne queer et bisexuelle, j’ai du mal à y trouver une adhérence totale.

Prise d’un doute sur la date, je lance une recherche dans DuckDuckGo. Je tape « journée du lesbianisme 2023 » (je ne me rappelle pas de l’expression exacte) dans le moteur de recherche. Et c’est « drôle », car ce jour-là les premiers résultats renvoient à la « journée internationale des femmes ». Soulignement sarcastique, s’il en était encore besoin, de la nécessité de l’existence d’une telle journée.

Depuis que j’ai lu à sa sortie « Le génie lesbien » d’Alice Coffin qui vante généreusement combien les lesbiennes sont vraiment formidables, j’ai développé une légère résistance à embrasser sans une petite arrière-pensée amère les initiatives de fierté lesbienne, et uniquement lesbienne. Au fil des pages du « génie lesbien », l’expression « les lesbiennes, les gays et les trans » se répète, encore et encore. Ce ne sont qu’à de très rares occurrences, que les bi·es y sont intégré·es. Deux, peut-être trois fois, si j’ai bien compté. C’est terrible comment j’en suis devenue pointilleuse, comme une petite comptable butée de la « lettre B ».

Quelque part, j’ai conscience que si je suis aussi sensible au « trop » laudateur de Coffin, c’est en partie car je n’ai « pas assez » d’un espace politisé où je peux revendiquer et explorer la bi/pansexualité, sans obstacle ni incohérence. Dans les espaces queer, TPG ou LGBTQI que j’ai côtoyé la plupart du temps, j’ai souvent mis de côté, de manière préventive, les aspects de mon expérience qui ne rentreraient pas en adéquation avec les vécus affichés et les revendications des lesbiennes.

« l’homosexualité et rien d’autre »

En 1971, Carole Roussopoulos filme et réalise un documentaire sur « Le FHAR, Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire » (lien vers le film sur YouTube). Le documentaire alterne des prises de paroles en assemblée et des séquences prises en manifestation (on peut notamment y entendre le slogan délicieusement suranné « À bas les phallocrates ! » scandé dans les rues). À 4:22, une jeune femme qui a pris la parole – prénommée Anne-Marie selon les notes du centre audiovisuel Simone de Beauvoir – continue son discours de la manière suivante :

« Évidemment, il y a parmi nous des bisexuel·les et le problème s’est posé, dans le cadre de la répression sexuelle, pourquoi ne défendez-vous pas plutôt la bisexualité ? Eh bien d’abord, parce que c’est une chose qui est facilement récupérable, aussi bien au niveau des gars que des filles. Après tout, si un gars est capable quand même de baiser de temps en temps une femme, cela prouve qu’il est quand même un mâle. Bon. Pour une fille, si elle baise de temps en temps un gars, cela prouve que simplement elle est un peu plus vicieuse que les autres, donc encore plus désirable pour les mecs. Par conséquent, parmi nous, même ceux qui pratiquent la bisexualité, ce que nous revendiquons tous, c’est l’homosexualité et rien d’autre. Donc c’est une tactique qui correspond au moment de notre lutte, qui est à ses débuts.»

Démonstration semble être faite que la bisexualité est politiquement invalide car elle serait facilement « récupérable » par le cishétéropatriarcat. Derrière le ton ironique, l’expression « de temps en temps » qui est utilisée à deux reprises par l’oratrice est révélatrice de certains griefs tenus contre la bisexualité. Celleux qui la pratiquent ne s’engagent pas assez, pas complètement. La bisexualité manque de radicalité révolutionnaire car elle ne sort pas complètement et irrémédiablement de l’hétérosexualité. Ce n’est pas un « tout ou rien », c’est un entre-deux qui , – et c’est là que se joue une interprétation politique discutable – au lieu d’être considéré comme un outil politique de subversion des pratiques hétéronormatives, est vu comme un danger pour les revendications à l’homosexualité.

« De temps en temps » : la bisexualité met en jeu une temporalité alternative de la sexualité. « A.C.D.C» – Alternative Current / Direct Current en anglais – est d’ailleurs l’un des surnoms en anglais de la bisexualité, utilisé notamment en titre d’une chanson du groupe Sweet écrite en 1974 et reprise par Joan Jett and the BlackHearts en 2006 (et non dépourvue de clichés sur la bisexualité, par ailleurs). La bisexualité introduit la possibilité de changement, d’évolution, de réorientation vouées à se répéter dans le temps. Pour cela, la bisexualité menace la stabilité politique des identités gays et lesbiennes, de deux manières au moins : d’une part en ouvrant une brèche dans la construction d’identités homosexuelles fixes et naturelles au même titre que celle d’hétérosexuel·le (c’est la rhétorique du « born this way », né·e ainsi) ; d’autre part en déstabilisant les catégories de genre/sexe sur lesquelles s’appuient aussi bien l’hétérosexualité que l’homosexualité.

NB : dans la suite, je déplie cette problématique en tirant certains fils en particulier, mais ils en existent bien d’autre à considérer, notamment en remontant aux origines de la construction des catégories de sexe/genre et de sexualités.

L’homosexualité immutable et le choix dans la bisexualité

Comme l’a notamment avancé et analysé Kenji Yoshino en 2000 dans «The Epistemic Contract of Bisexual Erasure », la bisexualité fragilise l’une des manières dont les identités gays et lesbiennes ont été couramment défendues et revendiquées, notamment aux États-Unis sur le plan politique et juridique : l’invocation d’une immutabilité de l’orientation sexuelle. Selon cette hypothèse de l’immutabilité, la personne homosexuelle est « née ainsi », il n’est donc pas possible de lui demander de changer. Yoshino note au passage que la bisexualité et l’hypothèse de l’immutabilité ne sont pas incompatibles, du moment que l’on pose quatre catégories sexuelles immutables, c’est-à-dire « naturelles » : hétérosexuelle, homosexuelle, bisexuelle et asexuelle.

L’existence scientifique de l’immutabilité de l’orientation sexuelle fait l’objet de débats dans le monde de la recherche. Quoi qu’il en soit, d’un point de vue psychologique, les croyances vis-à-vis de l’orientation sexuelle et notamment si elle est perçue comme immutable semblent en tout cas jouer un rôle sur comment les personnes s’identifient elles-mêmes, comment elles intériorisent les stigmates qui sont liées à leur orientation sexuelle, et comment elles se comportent vis-à-vis des minorités sexuelles (Morandini & co, 2022).

Je n’explorerai ici pas d’avantage les nombreuses ramifications du sujet de l’immutabilité de l’orientation sexuelle comme stratégie politique et juridique, qui animent notamment les débats autour des lois anti-discrimination (Clarke, J.A, 2015-2016) et anti-thérapies de conversion, particulièrement dans le contexte nord-américain (les droits français et européen, de ce que j’en ai compris, ne s’appuient pas sur cette notion d’immutabilité pour définir les caractéristiques protégées par les lois anti-discrimination).

Hors du cadre juridique cependant, l’argument du « né·e ainsi » est aussi un levier dans les relations interpersonnelles pour persuader son entourage proche que l’on peut être homosexuel·le et rester un être humain à part entière (il s’agit de la même stratégie que l’on retrouve pour les transidentités).

Dans ce contexte, et pour reboucler avec ce qui m’intéresse ici, l’un des « problèmes » que pose la bisexualité selon Yoshino est qu’elle complique la tâche de prouver définitivement l’homosexualité, tout comme l’hétérosexualité d’ailleurs : comment en effet vérifier qu’une personne qui se dit homo/hétérosexuelle est vraiment, seulement homo/hétérosexuelle (de manière immutable donc), plutôt que bisexuelle, tout particulièrement si elle a changé de comportement sexuel au cours de sa vie ? La bisexualité rend plus difficile la construction tout comme la revendication d’une identité homo/hétérosexuelle indiscutable, elle introduit de « l’incertitude et du doute » (Ellis, 1897).

Sur le plan politique, lorsque la réalité des pratiques bisexuelles est reconnue, il existe une parade qui consiste à dire que la bisexualité contiendrait toujours en elle la notion de choix : les bisexuel·les peuvent choisir avec qui iels veulent avoir une relation, y compris selon le genre des personnes. Ce qui signifierait sur le plan d’une lutte qui consiste à sortir de l’hétéropatriarcat – sous-entendu, en refusant les relations hétérosexuelles – , que les bisexuel·les seraient soumis au devoir moral de soutenir la lutte d’une manière bien spécifique : en choisissant l’homosexualité comme la forme la plus radicale et la plus efficace de lutte et en revendiquant, pour reprendre les mots d’Anne-Marie dans son discours, « l’homosexualité et rien d’autre ».

Mais cet argument du « choix » possible au sein de la bisexualité est bien sûr biaisé. Les facteurs sociaux-culturels et les expériences personnelles influencent nos attirances envers les personnes (et leurs genres pourrait-on rajouter si l’on n’adhère pas à l’hypothèse de l’immutabilité de l’orientation sexuelle), sans que cela ne soit forcément un processus conscient. Difficile de vraiment contrôler de qui l’on tombe amoureux·se, par exemple. La question du choix se poserait donc d’avantage sur la question d’avec qui on choisit effectivement de coucher ou pas, comme si c’est l’acte sexuel consommé qui matérialise et donne vraiment une signification à l’orientation sexuelle. Au-delà du problème que représente le fait de réduire la validité de l’orientation sexuelle aux pratiques sexuelles seules, ceci souligne là l’une des difficultés des bisexuel·les dans le cadre monosexiste : sauf en cas de partenaires multiples au sein de relations non-exclusives menées de manière simultanée (ce qui n’est pas sans soulever d’autres réactions), les bisexuel·les doivent sans cesse se réaffirmer en tant que tel·les, au risque de se voir renvoyer tantôt à l’homosexualité, tantôt à hétérosexualité qui serait, au fond, leur vraie nature non-refoulée.

Déstabiliser les catégories genre/sexe

Dans la vidéo, pour invalider la bisexualité comme objectif politique défendable, l’argumentaire s’appuie par ailleurs sur un double standard genré, androcentré. Pour un homme bisexuel c’est « de temps en temps» qu’il peut coucher avec une femme, impliquant que les rapports les plus nombreux, donc les plus signifiants, sont homosexuels. Tandis que pour une femme bisexuelle, c’est l’inverse : ses relations avec des femmes sont plus rares que celles avec des hommes, « l’hétérosexualité » serait donc d’avantage la norme et ses rapports avec les femmes la déviation à la norme.

Dans tous les cas, ce sont les rapports avec les hommes qui seraient les plus significatifs – tout œil féministe critique devrait ici soulever son sourcil. L’oratrice reprend ici ce que serait le point de vue dominant hétéronormé sur la bisexualité pour justifier qu’elle soit reléguée au second plan des luttes homosexuelles. Elle suggère que le monde hétéronormé serait ravi de récupérer les bisexuel·les pour venir consolider le cadre cishétéronormatif : les bisexuels restent des « mâles» et les bisexuelles des femmes objets de désir pour les hommes. « Par conséquent», en conclut-elle, « parmi nous, même ceux qui pratiquent la bisexualité, ce que nous revendiquons tous, c’est l’homosexualité et rien d’autre.»

Nous retrouvons ici, par un autre chemin, la conclusion de la partie précédente. L’enchaînement est cependant ici bien rapide et je soumets dans la suite deux interrogations : premièrement, en quoi revendiquer l’homosexualité, et elle seule, serait la seule option de lutte viable contre l’hétéropatriarcat ? Deuxièmement, en se replongeant dans le temps de la vidéo, peut-on vraiment dire que « tous» portent cette revendication ?

Tout d’abord, en positionnant les bisexuel·les comme des agent·e·s récupérables par l’hétéropatriarcat, l’oratrice fait complètement l’impasse sur les oppressions et les discriminations qu’iels subissent de la part de la société hétéronormée pour leurs relations non-« hétérosexuelles». Cette vision pour le moins partielle, si ce n’est fantasmée, de comment le monde hétérosexuel considère la bisexualité vient paradoxalement alimenter l’effet loupe contre lequel Shiri Eisner met en garde dans «Bi, Notes for a Bisexual Revolution». Cet effet loupe résulte du fait de sur-étudier et surreprésenter les comportements discriminants ou oppressant des gays et lesbiennes vis-à-vis des bisexuel·les plutôt que ceux des hétérosexuel·les. Il peut transmettre l’impression que le monosexisme et la biphobie sont surtout le fait des homosexuel·les, tout en réduisant parallèlement le rôle de l’hétérosexisme pourtant majoritaire. Ici, l’oratrice suggère que le monde hétéropatriarcal serait même accueillant vis-à-vis de la bisexualité (plus que les luttes du FHAR, donc).

Pour en revenir au discours, je le trouve révélateur d’à quel point l’homosexualité (re)-présentée ici se désire séparée du monde hétérosexuel. En considérant la bisexualité comme un outil de renforcement des normes hétéropatriarcales, au lieu d’un outil de déstabilisation des catégories de sexe/genre, elle refuse catégoriquement toute interaction, tout risque de rapprochement entre ce qu’elle considère comme un corps homosexuel et un corps hétérosexuel. Ce discours renforce les catégories de sexe/genre et essentialise ce que sont une « femme », un « homme » et la signification politique d’un rapport sexuel entre les deux. Sur le plan politique, la bisexualité contrarie en ce sens l’homosexualité qui est parfois « déployée comme un moyen de séparatisme des sexes, qui à la fois reflète et renforce la primauté du sexe » (« homosexuality is sometimes deployed as a means of sex separatism, which both reflects and reinforces the primacy of sex.») (Yoshino, 2000).

Idéalement, pour servir la lutte, le corps bisexuel devrait être exclusivement orienté vers l’homosexualité et tourner le dos à tout autre chose. Les enjeux de non-binarité de genre et les transidentités finissent de déstabiliser, s’il était besoin, cette posture. La bi/pansexualité désoriente les monosexualités, et l’on peut ainsi comprendre en quoi le système hétérosexualité/homosexualité partage un intérêt commun à la garder en retrait : pour le maintien d’identités stables et des catégories de genre/sexe sur lesquels il s’appuie.

Pourtant…

Dans le documentaire de Roussopoulos, la suite de la séquence vidéo a été coupée au montage. On a cependant le temps d’entendre en arrière fond que l’intervention de l’oratrice suscite des réactions, sans qu’il soit possible de dire distinctement s’il s’agit de protestions ou d’approbations – ou les deux. Vers la fin du discours de l’oratrice (vers 5:05) on peut néanmoins entendre une voix plutôt féminine qui prend la parole et semble soumettre une objection : « Pourtant la bisexualité… ». Il est difficile d’entendre le reste de sa phrase. Avec un logiciel de mixage de son, j’ai essayé d’isoler les fréquences, d’inverser les phases de la piste pour tente de saisir distinctement les syllabes manquantes, sans arriver à rien de probant. À force d’écoutes répétées du passage, je me demande si la personne ne dit pas quelque chose qui tourne autour de « Pourtant la bisexualité fait partie intégrale de… » . En tout cas, j’entends bien clairement un « chut » qui clôture la séquence, juste avant que la suite soit coupée au montage. Et il semble clair que parmi l’audience filmée, tou·te·s ne sont pas d’accord avec la stratégie politique énoncée.

Sans plus de contexte, la tentation est grande pour moi d’interpréter cette scène, d’y projeter mes propres objections et d’y voir une illustration par l’exemple du processus d’invisibilisation et de silenciation des positions bi/pan au sein des luttes contre l’hétéropatriarcat.

La suite de l’histoire a montré que la revendication de l’homosexualité en mettant de côté la bisexualité est une « tactique » qui a perduré dans les milieux gays et lesbiens au-delà des « débuts » de la lutte. Pour ma part, j’utilise encore beaucoup le mot queer pour me désigner dans la plupart des milieux. C’est sans doute que je me sens queer dans les milieux Trans-Pédés-Gouines ou LGBTQI eux-même : autre, pas totalement à ma place, certainement pas si d’aventure j’évoque mes relations avec des hommes. Comme l’expose Steven Angelides dans « A History of Bisexuality », la bisexualité serait justement cette « autre » qui a rendu la construction de la dyade hétérosexualité/homosexualité possible.

Si la proposition de Monique Wittig selon laquelle les lesbiennes ne sont pas des femmes me séduit sur le plan féministe, et si je cherche bien à vivre ma sexualité avec les hommes de manière à casser les scripts et les rapports hétéropatriarcaux dans un refus total d’être une femme, les discours biphobes qui accompagnent les identités de « lesbienne » et de « gouine » m’empêchent de faire mienne cette identité (certainement aussi parce que les premières années de la construction de ma sexualité n’ont pas été ancrées dans ces identités). Certes, le stigmate principal, dans la société en général, est bien sûr dirigé contre l’homosexualité et les pratiques lesbiennes. Mais la biphobie vécue dans les milieux où je devrais – voudrais – me sentir chez moi me fait presque plus mal : comme une pique sur un endroit sensible alors que je le pensais protégé.

Alors le qualificatif de queer, de part sa nature de catégorie à la fois moins définie et plus englobante, me permet en quelque sorte d’exister dans ces milieux tout en servant de cape d’invisibilité.

Pourtant…

Wohosheni

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Références

Angelides, Steven. A History of Bisexuality. University of Chicago Press. 2001.

Clarke, Jessica A. Against Immutability. The Yale Law Journal. Oct. 2015. Vol. 125, 2015-2016.

Eisner, Shiri. Bi, Notes for Bisexual Revolution. Seal Press. 2013.

Ellis, Havelock et John Addington Symonds. Sexual Inversion. London: Wilson & Macmillan, 1897: 88.

Morandini JS, Menzies RE, Moreton SG, Dar-Nimrod I. Do Beliefs About Sexual Orientation Predict Sexual Identity Labeling Among Sexual Minorities? Arch Sex Behav. 2023 Apr. 52(3):1239-1254. doi: 10.1007/s10508-022-02465-7. Epub 2022 Nov 16. PMID: 36385682; PMCID: PMC10102111.

Roussopoulos, Carole, réal. Le FHAR, Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire. 1971. 26 min [Consulté sur Youtube en avril 2023: https://www.youtube.com/watch?v=ESd4tZho9nc%5D

Yoshino, Kenji. The Epistemic Contract of Bisexual Erasure. Standford Law Review. Jan, 2000. Vol. 52, No. 2 , pp 353-461.

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